Améliorez votre autonomie alimentaire familiale : 3 clés simples pour y parvenir sans rien produire

Non ce n’est pas une méthode miracle : sans rien produire certes ! mais pas sans travailler. Cette promesse que je vous fais est le résultat du constat qui suit.

L’autonomie alimentaire familiale est impossible

Le constat que je fais aujourd’hui après quelques années à expérimenter le chemin de l’autonomie alimentaire familiale est le suivant : C’est impossible d’être autonome. Après cette affirmation est à moduler selon ce qu’est pour vous vivre en autonomie ! Mais si on est d’accord pour dire qu’être totalement autonome c’est n’avoir à faire aucune dépense, voire ne faire aucun commerce ou troc, alors je me répète, c’est impossible. Je pense qu’il n’y a pas besoin de démonstration pour admettre cela.

S’il est impossible d’être autonome, qu’en est il de l’idée d’être plus autonome. Envisager l’autonomie alimentaire familiale, c’est être plus autonome puisque l’autonomie alimentaire est une partie de l’autonomie. Ça devrait être plus facile ! Pourtant, j’en viens à l’idée que c’est contre-productif que de vouloir l’être. J’ai choisi de prendre pour exemple l’autonomie alimentaire car c’est souvent celle qui est mise en avant et celle qui a le pouvoir me semble-t-il de rassurer le plus l’apprenti autonomiste. Face aux désordres de notre monde actuelle et pour apaiser les peurs qu’ils suscitent en nous. Nous avons envie de rependre un peu de pouvoir sur notre alimentation et souhaitons moins dépendre d’un système qui nous semble de plus en plus défaillant.

Produire sa nourriture c’est perdre en efficacité

Poussez par les promesses de la permaculture et le phantasme des jardins foret, rependre le pouvoir sur notre alimentation nous semble a portée de main, voir facile ! Attention ! je ne dis pas que la permaculture et les jardins forets nous mentent ! Je dis que ca semble facile

Malheureusement la réalité est moins généreuse et produire sa nourriture est loin d’être si facile. Il faudra déjà passer par une phase de désenchantement en comprenant que ce n’est pas un potager qui nourrit un individu et encore moins une famille. Comment produire ses céréales et légumineuses qui représente la plus grande part énergétique de notre alimentation.

Prenons l’exemple d’un dentiste ou d’un médecin ! Vous serais d’accord avec moi pour dire qu’il perdrait en rentabilité s’il consacrait la moitié de son temps à vouloir produire sa nourriture plutôt qu’à faire des consultations. Il a tout intérêt à acheter sa nourriture.

Si on prend en compte le prix de la nourriture et le fait que beaucoup de producteur ont du mal à joindre les deux bouts. Il semblerait que ce secteur ne soit pas très rémunérateur. Allez voir la vidéo de Jancovici.

Concernant l’exemple précèdent vous allez me dire que j’ai choisi une profession d’élite et que l’équation est surement différente avec un salarié payé au smic. Et bien ce n’est pas si sûr ! Un employé au smic a plutôt intérêt de développer une seconde activité dans un domaine qu’il maitrise bien plutôt que de perdre son temps à cultiver un potager ou élever quelques volailles. Tant que l’énergie reste bon marché, les machines sont plus efficaces.

Mais alors si on ne peut pas reprendre la main son notre alimentation, comment pourrait-on être plus autonome et résilient sans rien produire nous-même ?

Et bien simplement en laissant produire les autres ! Mais pas n’importe quelles autres. Je crois aujourd’hui qu’il est bien plus efficace d’acheter sa nourriture directement a un producteur qui a déjà une caisse a outil bien remplie ! Outils qui lui permettent d’être plus efficace.

Établir des partenariats avec des producteurs locaux : première clé

C’est la première clé pour être plus résilient. Il faut abandonner l’idée de se fournir via des intermédiaires. Nous devons entrer en relation direct avec les producteurs pour créer son réseau au moins sur les denrées les plus importantes. Voici quelques étapes pour y parvenir :

Identifiez les producteurs locaux

Commencez par rechercher les producteurs locaux de votre région. Vous pouvez utiliser des ressources en ligne, comme les annuaires de fermes locales ou les sites web des marchés fermiers, pour trouver des informations sur les agriculteurs, les maraîchers, les éleveurs et autres producteurs locaux.

Les évènements locaux tels que des foires agricoles, des ateliers de jardinage, ou des conférences sur l’agriculture durable sont autant d’occasion pour découvrir les producteurs autour de chez vous !

Selon moi la meilleure approche pour entrer en contact avec les producteurs, c’est de visiter les exploitations et de fréquenter les marchés fermiers et marché en général.

Engagez la conversation

Sur ces marchés classiques soyez vigilant. Dans un premier temps il est possible que vous vous fassiez « arnaquer » par des revendeurs qui se disent producteurs, mais après quelques discussions et quelques questions bien ciblés vous les démasquerez vite. Suivez cet exemple :

  • Bonjour monsieur ! vous produisez tous ce que vous vendez ?
  • Bien sûr ! je suis producteur !
  • Ah ! mais alors comment vous faites pour avoir des tomates en hiver ?
  • J’ai des serres !!!
  • Ah ça doit être intéressant de comprendre comment vous faite ! c’est possible de visiter votre ferme ?
  • Ah désolé ! non ce n’est pas possible ! (Négation suivie d’arguments plus ou moins bidon)

Vous comprenez l’idée ? c’est un exemple grossier, mais en discutant et en posant des questions simples vous serez vite fixé sur la sincérité du dit producteur.

Sachez qu’en général, les producteurs sérieux sont fiers de leurs produits et aiment discuter sur leurs méthodes. C’est l’occasion d’en savoir plus sur leur entreprise, leurs produits et leurs pratiques agricoles. Posez des questions sur leur offre, leurs saisons de récolte, leurs méthodes de culture ou d’élevage, et leur engagement envers la durabilité.

Proposez des partenariats

Si vous avez des compétences ou des ressources à partager, envisagez de proposer des partenariats aux producteurs locaux. Par exemple, vous pourriez offrir de l’aide bénévole lors des périodes de récolte ou de plantation, ou partager vos connaissances en marketing pour les aider à promouvoir leurs produits. En proposant un service utile pour le producteur, vous passez devant le client lambda et le producteur se rappellera autant de vous que vous lui rendez service.

Un producteur pour l’essentiel ! et le reste ?

Je vous invite à trouver un producteur pour la viande, les produits laitiers, les légumes. Vous devriez rapidement trouver votre bonheur. Mais c’est loin de couvrir tous nos besoins alimentaires. Pour les céréales brutes, il faudra faire la démarche de trouver une ferme et d’aller leur rendre visite. Il est possible que l’exploitant ne vous ouvre pas ses portes car il peut être surpris par votre démarche. N’hésitez pas à expliquer ce qui vous motive.

Pour les céréales transformées, cherchez des moulins prêts de chez vous. Il sera aussi très rassurant de connaitre et de commercer avec un paysan boulanger.

Plus votre recherche se fera vers des produits transformés plus elle sera difficile. Oui ! vous imaginez bien que votre producteur de chips gout bacon préféré ne va pas vous ouvrir ses portes comme ça ! il va vous dire : fait comme tout le monde et va pousser ton caddie chez carrefour ! mais en cas de rupture de la normalité, je pense que vous accepterez volontiers de vous passer de vos chips.

Pour le moment, pour les produits plus transformés, je traite avec des grossistes. Un exemple. On consomme encore du sirop d’agave. Au lieu de l’acheter à la Biocoop, on passe directement via le grossiste et on prend un bidon de 25L.

Constituer un stock alimentaire pour améliorer sa résilience : seconde clé

On en arrive à la seconde clé pour être plus résilient et autonome. C’est le stockage. Il faut voir le stock comme une batterie. Au même titre que la batterie vous alimente en électricité quand le réseau est coupé. Le stock se conçoit de la même façon, il couvrira vos besoins alimentaires quand les rayons seront vides.

Etablissez un plan

Avant d’acheter des kilos de pates et de riz, déterminez vos besoins alimentaires et ceux de votre famille. Prenez en compte les allergies alimentaires, les préférences et les restrictions alimentaires spécifiques. Calculez également la quantité de nourriture nécessaire pour couvrir vos besoins pendant une période donnée (par exemple, 1 mois, 3 mois, 6 mois, etc.) Sachez aussi que pour un homme adulte, l’apport conseillé en énergie est, en moyenne, de 2 400 à 2 600 calories par jour, selon l’activité. Pour une femme adulte, il est de 1 800 à 2 200 calories. Ce qui veut dire qu’il faut stocker de la calorie en priorité ! Le gras ! c’est la vie !

Respectez les grands principes

Alors je ne vais pas vous dresser une liste de tous les produits à stocker, il y a plein de vidéos qui peuvent vous inspirer. Gardez à l’esprit quelques grands principes : Optez pour des aliments qui ont une durée de conservation prolongée. Cela peut inclure des produits en conserve, des aliments lyophilisés, des céréales, des légumineuses, des pâtes, du riz, de l’huile, du sucre, du sel et des épices. Évitez les produits périssables et frais.

Utilisez le principe du « premier entré, premier sorti ». Assurez-vous que les aliments les plus anciens sont consommés en premier pour éviter la détérioration due à une longue période de stockage.

Stockez de l’eau potable en quantité suffisante (généralement 3 litres par personne par jour) et envisagez des méthodes de purification de l’eau au cas où votre approvisionnement en eau serait interrompu.

Après c’est comme pour le reste vous commettrez des erreurs comme j’ai pu en faire en voulant stocker de trop gros volumes. Je vous donne un exemple : j’ai acheté un sac de 25kg de polenta ! ça fait 3 ans qu’on le traine et il y a fort a parier que la céréale ai un peu perdu de ses qualités nutritionnel. Si vous commencez, limitez-vous a des sacs de 5kg. Vous ajusterez avec le temps.

Stockez correctement

Pour la zone de stockage, sachez que les aliments doivent être stockés dans un endroit frais, sec et sombre, de préférence à l’abri de la lumière directe du soleil. Si vous n’avez pas de cave, utilisait une pièce de votre maison, en évitant la proximité de la salle de bain. Pour le stockage en gros on a deux types de baril, les barils bleu étanche en plastique et les barils en fer blanc. Pour le stockage en portion, faites les foires a tout pour trouver des lots de bocaux type « le parfait » et investissez éventuellement dans une souvideuse.

Stocker pour combien de temp ?

Je ne préconise pas la stratégie de la conservation très longue durée. Il me semble plus sur de se limiter à un stock pour l’année. Un stock demande à être renouveler pour ne pas trop perdre les qualités nutritionnelles et pour s’ajuster en fonction de ses envies et des disponibilités. Le stock demande à être suivi, et l’envisager sur l’année vous occupera déjà suffisamment.

Stocker pour se rassurer

Sachez qu’en cas de problème, ce n’est pas le potager ou le poulailler qui vous aidera dans les premiers temps, c’est le stock que vous aurez su constituer. Alors si vous envisagez l’autonomie pour répondre à l’angoisse de l’effondrement, oubliez le potager et commencez à faire des réserves.

Cuisinez pour mieux tirer parti des produits disponibles localement : Troisième clé

J’en viens à la 3eme clé qui me semble importante pour être plus résilient, c’est la cuisine. Si vous me suivez, vous savez que je travail a installé une cuisine pro. Rassurez-vous pour être plus résilient votre cuisine personnelle suffira. L’apprentissage de la cuisine et de la préparation des aliments peut considérablement améliorer votre autonomie alimentaire de plusieurs façons :

Prenez le contrôle sur vos aliments

En cuisinant vous-même, vous avez un contrôle total sur les ingrédients que vous utilisez. Vous pouvez choisir des aliments de haute qualité, frais et locaux, ce qui améliore la qualité de votre alimentation et vous permet de mieux comprendre ce que vous consommez.

Vous pouvez optimiser l’utilisation des ingrédients et réduire le gaspillage alimentaire. Vous saurez comment utiliser les restes et les ingrédients qui approchent de leur date de péremption pour éviter de jeter de la nourriture.

Si vous avez des besoins alimentaires spécifiques, comme des allergies, des restrictions alimentaires ou des préférences alimentaires particulières, la cuisine maison vous permet de préparer des repas qui répondent à vos besoins de manière précise.

Adaptez votre cuisine à la transformation

Si vous avez bien développer la première clé, vous avez à présent l’occasion d’acheter des cagettes pleines de légumes à bon prix parce que :

  • Des légumes arrivent en limite de conservation
  • Ils ont des défauts et sont déclassées

Vous pouvez aussi acheter des caisses de viandes à très bon prix directement chez l’éleveur. Vos occasions d’avoir de la nourriture à bon prix et en quantité se multiplient. Mais il faut être en mesure de transformer toute cette nourriture et de lui offrir des bonnes conditions de conservation.

Votre cuisine est-elle suffisamment bien équipée pour transformer les aliments et ce en grandes quantité ? Avez-vous de quoi faire des conserves ; de quoi sécher ? Votre réfrigérateur est-il suffisamment grand ? Avez-vous un congélateur ? Avez-vous des casseroles et autres ustensile assez grands pour cuisiner des volumes importants ?

L’occasion de vous rendre utile aux producteurs et votre entourage

En cuisinant les produits locaux vous vous donner aussi l’occasion de rendre service aux producteurs souvent confronté au gaspillage.

  • Ils n’ont pas le temps de valoriser leurs invendus.
  • Ils jettent leur production faute de débouché
  • Ils déclassent des produits qui ne sont pas conforme à certain mode de distribution

Pourquoi ne pas leur proposer de transformer pour eux et de partager les bénéfices. Les producteurs ne sont les seuls à pouvoir bénéficier de vos transformations. Pensez à votre entourage de proximité, c’est l’occasion de renforcer les liens de votre réseau.

Conclusion

Maintenant que vous savez qu’il n’y a pas forcément besoin de produire pour être plus résilient, vous pouvez vous demander s’il y a un intérêt à le faire. Pour ma part, je ne vais pas arrêter le jardin, ni d’aménager mon terrain toujours dans cette optique d’abondance. Si je fais cette vidéo c’est pour apaiser l’urgence que l’on peut ressentir face aux désordres de notre société. J’ai moi-même commis d’innombrables erreur à cause de ce sentiment d’urgence. Si vous vous mettez a produire trop tôt, vous allez considérablement faire chuter votre efficacité, hors nous avons besoin de conserver notre efficacité pour justement concevoir, aménager et installer de nouveaux outils et de nouvelles méthodes. Quand vous aurez murement réfléchi votre projet dans sa globalité, que vous aurez mis en place vos outils, alors vous pourrez commencer a produire.

Moi je me retrouve à produire, entretenir, concevoir et aménager en même temps, ce n’est vraiment pas la meilleure méthode ! à bientôt, revenez vite !

Laissez le premier commentaire